mardi 12 février 2013

Avec Schubert, allons-y piano !

C’est dans un café de la rue des Rosiers qu’un monsieur quelque peu porté à la mythomanie me raconta un jour que Schubert était juif. À l’entendre, Mozart n’était pas loin de l’être aussi, et peut-être même Bach, sachant que dans l’univers de ce dernier apparaissait un certain Goldberg.

Étranges variations que celles-ci, toujours sur le même thème. Décidément, les mythomanes, qu’ils soient juifs ou antisémites, déraisonnent toujours selon les mêmes schémas. Même si ce n’est pas avec le même état d’esprit.

Schubert avait certes
des cheveux frisés...

Franz Peter Schubert était le douzième enfant d’une famille autrichienne qui allait en compter quatorze : voilà déjà un premier indice de sa non-judéité.

Deuxième indice, un peu plus probant, il apprend l’orgue auprès du maître de chapelle de l’église de Lichtental.

Troisième indice, encore plus probant, il n’a pas onze ans quand il devient premier soprano du chœur paroissial.

Enfin, à 17 ans, il compose une messe (n°1 en fa majeur, D.105), toujours pour la même paroisse, à laquelle il est décidément très lié.

Son grand frère Ferdinand, lui aussi compositeur, a écrit un certain nombre d’œuvres religieuses : messes, requiem(s), Salve Regina, Ave Maria, etc.

Eh bien, si avec tout cela, les Schubert n’étaient pas catholiques...

Dans son film Shoah ainsi que dans son livre Le Lièvre de Patagonie, Claude Lanzmann nous précise que l’ancien S.S. Obersturmführer Heinz Schubert, responsable des assassinats en masse de Juifs en Crimée, était de la famille du compositeur. Un descendant de Ferdinand ? Ou d’un autre membre de la fratrie ? Mais certainement pas de Franz, puisque celui-ci n’a jamais eu d’enfant.

Quoi qu’il en soit, laissons le pauvre Franz Schubert là où il est, et plutôt que de le mêler à des histoires dans lesquelles il n’a rien à faire, écoutons sa très belle musique.

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